Lettre des retraité(e)s de novembre 2024

La campagne des retraité(e)s sur les difficultés d’accès aux soins

Le G 9 ( intersyndicale nationale des retraité(e)s (CGT, FO, CFTC, CFE CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, Ensemble et Solidaires, LSR) a entrepris de mener cette année une campagne sur les difficultés d’accès aux soins. L’intersyndicale corrézienne s’inscrit dans cette initiative à laquelle s’ajoute notamment au regard de l’actualité la question de la revalorisation des pensions.

Notre démarche consistait dans un premier temps à entreprendre une série de demandes d’audience auprès des «décideurs»: parlementaires du département, maires qui siègent dans les conseils de surveillance des hôpitaux, président du Conseil départemental et ARS.

Il s’agissait de dénoncer les difficultés de tous ordres d’accès aux soins rencontrées par de nombreuses personnes et plus particulièrement par les retraité(e)s.

La médecine de ville, l’hôpital sont clairement sinistrés.

La question des déserts médicaux, très sensible dans notre département s’avère particulièrement compliquée en milieu rural mais elle gagne partout.

La situation de la perte d’autonomie est une catastrophe: la loi grand age, tant de fois annoncée

n’est plus d’actualité, les EPHAD sont en grande difficulté financière (au niveau national 85% des EPHAD publics sont en déficit), on souffre d’un manque criant d’aides à domicile.

Il faut ajouter la question des délais pour obtenir des RDV médicaux, celle des dépassements d’honoraires et les augmentations des complémentaires santé (au niveau national 4 millions de personnes n’en ont pas) sans compter le scandale de la protection sociale complémentaire jetée peu à peu sans vergogne aux mains de starts up étrangères.

Pas d’amélioration en vue dans le cadre du PFLSS au contraire: remise en cause de la prise en charge des ALD (affections longue durée), augmentation des franchises, du ticket modérateur, etc…

Les réponses apportées par nos interlocuteurs et interlocutrices n’ont rien eu de très surprenant:

ils ont répondu à nos demandes d’audience ( sauf, à ce jour F.Hollande, le maire d’Ussel et l’ARS..)

ont convenu des difficultés; certain(e)s d’entre eux, à leur façon cherchent à combler les brèches les plus visibles, mais leurs discours se rejoignent sur la nécessité de «faire des économies» et de rentrer dans le rang pour résorber les déficits. Mais très peu de réceptivité sur la recherche de recettes du côté des grandes entreprises et des plus riches, de la fraude et de l’évasion fiscales, etc..

A noter plus précisément dans les réponses du maire de Brive une inquiétude pour boucler le budget suite aux restrictions budgétaires dont la ville ( ainsi que la communauté de communes et le

département) vont être victimes, (mais mettant en cause la réduction du temps de travail et non la politique menée), la mutualisation des hôpitaux du département et la restructuration des EPHAD, la création de bourses en 5 eme année (2 pour de futurs dentistes et 12 pour de futurs généralistes) d’un montant de 1000 euros par mois moyennant un engagement à rester a Brive au moins 6 ans.

Pour le sénateur Chasseing, il ne semble pas y avoir de lutte possible autre que pour limiter un peu les dégâts: « on est dans une politique de marché, c’est le problème»; donc se contenter du fait que l’ONDAM ( objectif national des depenses d’assurance maladie) en direction des hôpitaux, ne diminue pas, faire un geste en direction des toutes petites retraites, ne pas conventionner les médecins s’ils s’installent dans une zone bien pourvue….

Le Sénateur Nougein va plus loin, reconnaissant qu’il a voté l’allongement de la durée des cotisations pour les retraites, soulignant que l’Allemagne va aller jusqu’à 69 ans pour les départs en retraite, et reprochant aux premiers ministres d’avoir dépensé sans compter, la France étant «championne du monde des dépenses publiques», et prônant une diminution du nombre de fonctionnaires ( pas sur le terrain précise t-il mais dans la multitude d’agences en tout genre).

Mme Meunier estime qu’il faut « faire marcher la concurrence». Elle regrette que le manque de personnels dans les EPHAD conduise au recours à l’interim, qui s’avère coûteux et la non compensation par l’État de la loi Ségur. Elle soutient la proposition de loi transpartisane contre les désert médicaux prônant notamment une régulation dans l’installation des médecins dans les zones les mieux dotées et des formations dans chaque département pour une première année de médecine.

Le Président du conseil départemental a condamné la politique financière du gouvernement, la dette incontrolée et les restrictions budgétaires dont le département sera victime, mais il affirme que la gestion saine du département lui permettra de passer le cap« mais pour combien de temps?»

Il a évoqué le désengagement du département dans les EPHAD sur 2 points:

– la différenciation tarifaire (ce sont les conseils d’administration des EPHAD qui décideront des tarifs)

– la fusion entre les sections «soins» et «dépendance»: une expérimentation concernant 23 départements dont la Correze envisage le transfert à la sécurité sociale du financement de la section dépendance des EPHAD

Concernant Corrèze Autonomie, Mr Costes a reconnu des dysfonctionnements lors de sa mise en place, mais affirme que les personnels ont été formés, et que les ICA ne touchaient pas tout le monde. Le département veut mettre en place un schéma de prévention dans lequel pourrait être concerné un maximum de personnes .

Pour lui, le principal problème est le défi démographique et l’augmentation du nombre de dépendants: «on ne pourra pas maintenir les retraites» et «le virage domiciliaire est intenable».

Nous avons donc eu un certain nombre d’informations sur les mesures prises au niveau local mais peu de velléité pour transmettre au plus haut niveau notre position sur le volet recettes

En sera-t-il autrement avec le maire de Tulle avec lequel l’entrevue est programmée mais n’a pas encore eu lieu?

Outre cette série d’audiences, l’intersyndicale organise le 22 novembre un débat public destiné à alerter sur les dangers qui pèsent sur notre sécurité sociale. C’est Bernard Teper, animateur national de réseau éducation populaire et co-auteur d’un livre «en finir avec le trou de la Sécu, repenser la protection sociale du 21 eme siècle qui animera ce débat.

Nul doute qu’il y sera largement question des restes à charges de plus en plus importants, de la désertification médicale, du manque de moyens financiers et humains dans les hôpitaux et les EPHAD, des retraites, de l’augmentation des restes à charges, de la protection sociale complémentaire, etc.…

Et des mobilisations possibles! Autour du 100% sécu ?

Alors qu’en 2025 on fêtera le 80 eme anniversaire des ordonnances de la Sécurité Sociale!