Cher(e)s collègues, cher(e)s camarades,
Depuis quelques semaines les mobilisations sur les services publics en général et l’école en particulier s’accélèrent.
Elles répondent à des attaques d’une violence sans précédent de la part de ce gouvernement qui, sans état d’âme, s’appuyant et partageant idéologiquement des directives européennes prônant l’austérité, n’a de cesse de dégrader l’ensemble des services publics et l’école.
Pour ce qui est de l’école il faut remonter à Lisbonne en 2000, où tous les ministres européens de l’éducation ont décrétés, que l’école était trop coûteuse et trop ambitieuse et qu’elle n’avait besoin, pour répondre au marché de l’emploi, que de 50% d’élèves qui aient un niveau de qualification à BAC+3. Pour les 50% restant, un socle minimal de compétences et d’attitudes suffirait.
Toutes les réformes mises en œuvre ces vingt dernières années répondent à ces objectifs. Récemment les réformes du collège, du lycée, du lycée professionnel et la future loi sur l’école de la confiance sont de la même veine !
Elles conduisent à une école utilitariste, une école du tri social qui abandonne l’idée du plus haut niveau d’enseignement et d’étude pour tous, en rognant sur les moyens, sur les horaires et les contenus d’enseignement, en limitant l’accès aux études supérieures.
La loi « pour une école de la confiance » et celle de « la transformation de la fonction publique », sont programmées :
-Pour préparer les suppressions de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires et limiter les coûts.
Pour organiser la souplesse dont le système a besoin en modifiant les statuts des personnels ou en ayant recours à des personnels de droit privé.
Pour rendre plus dociles les agents publics de manière à limiter toutes formes de contestation.
Quelques exemples pour illustrer mon propos.
Sur la réduction des moyens et des coûts :
La création d’établissement publics locaux d’enseignements fondamentaux (article 6) ne préfigurent ils pas de fermetures d’écoles rurales et de suppression massive de postes dans le secondaire pour les matières non fondamentales ?
L’utilisation des AED en licences (article 14) comme moyen de remplacement ne serait ne serait-il pas un moyen de substitution à bas coût de nos remplaçants en primaire et secondaire ?
En inscrivant le mérite individuel dans sa future loi de la FP, le gouvernement ne s’exonère-t-il pas d’une réelle augmentation généralisée des salaires des fonctionnaires ?
Sur l’organisation de la souplesse :
L’article 8 de la loi (sur l’école) autorise des expérimentations sur les horaires d’enseignement dans le respect des Obligations Réglementaires de Services : il s’agit là ni plus ni moins qu’une porte d’entrée vers l’annualisation des services.
Les articles 5,6 et 7 de la loi de transformation des services publics permettrait de recruter sous statut privé et donc sans concours, des contractuels y compris pour des emplois de direction, selon les besoins des établissements.
Enfin j’ai gardé le meilleur pour la fin, sur la question de la docilité et de la reprise en main du système :
Il s’agit dans le projet de loi sur l’école :
De l’article 1 qui instaure le droit de réserve permanent.
De l’article 12 qui permet au ministre de reprendre la main sur la formation en créant des INSP (institut national supérieur du professorat t de l’éducation) en remplacement des ESPE (école supérieur du professorat et de l’éducation) imposant de nouvelles maquettes de formation et en nommant les directeurs.
De l’article 9 qui met en place un Conseil d’Evaluation de l’Ecole sous tutelle du ministère en supprimant le CNESCO, organisme d’évaluation indépendant : on n’est jamais mieux évalué que par soi-même !
Dans le projet de loi de la Fonction Publique :
C’est l’article 2 qui supprime les CHSCT (fusion avec les CT) dont le but était de remédier aux difficultés rencontrées dans le travail et de résoudre les conflits avec la hiérarchie.
Ce sont les articles 5,6, et 7 qui mettront les personnels recrutés hors concours sous les ordres de la hiérarchie directe.
Ce sont les articles 3 et 9 qui vident de leur substance les Commissions Administratives Paritaires en supprimant les contrôles des représentants des personnels sur les promotions et les mutations.
C’est l’article 13 qui prévoit une exclusion temporaire de trois jours par simple justification de son supérieur hiérarchique.
Bien d’autres aspects dans la loi sur l’école sont contestables, notamment la scolarisation obligatoire des moins de trois ans qui en soit n’est pas une mauvaise chose mais qui obligera des financements publics aux écoles privées.
Cher(e)s collègues, cher(e)s camarades, le danger est grave et imminent : le projet de loi sur l’école va bientôt revenir à l’assemblée pour adoption définitive et le gouvernement a décidé d’une procédure accélérée pour faire adopter le projet de loi de transformation de la Fonction Publique en vue de sa mise en œuvre en janvier 2020.
Ces lois bouleverseront en profondeur notre quotidien au travail et lamineront les fondements de la Fonction Publique : l’indépendance et la neutralité du fonctionnaire, l’égalité de traitement des usagers et l’intérêt général.
Elles détérioreront considérablement nos relations au travail en introduisant sans ambiguïté « une forte dose » d’autoritarisme.
Elles pénaliseront fortement nos élèves et bien sûr prioritairement les plus en difficultés. Il suffit déjà de constater les conséquences dès la rentrée prochaine de la diminution des moyens pour nos élèves des lycées professionnels et des classes de SEGPA.
Les attaques du gouvernement sont fulgurantes.
Les organisations syndicales ici présentes y répondent en organisant la contestation.
Cette contestation ne trouvera un débouché positif que si la profession réagit rapidement et massivement à nos appels.
A vous, à nous dans nos établissements respectifs, de prendre toutes les initiatives possibles pour faire grossir cette contestation.
Prochaine étape le 9 mai, au retour des vacances de pâques.
Nous n’avons pas intérêt à nous louper !
Merci à tous.