L’ensemble des services publics de notre pays sont soumis depuis de trop nombreuses années à une rigueur budgétaire qui les met à la peine ; au point qu’aujourd’hui certains sont en très grande difficulté pour effectuer leurs missions.

Le service public d’éducation n’échappe pas à cette contrainte budgétaire même si le budget de l’éducation nationale reste le premier budget de l’état avec 51,7 milliards d’euros.

Ce chiffre peut paraître énorme mais il ne correspond qu’à 6,7% de la richesse produite par le pays, et surtout il est en baisse d’un point de PIB par rapport à ce que consacrait le pays pour l’éducation en 1995.

Si la France consacrait le même pourcentage de richesse du PIB qu’en 1996 elle devrait engager près de 23 milliards d’investissements supplémentaires pour la rentrée 2019 : le rêve !

Mais du rêve à la réalité il y a un mur infranchissable, dont les fondations ont été posées à Lisbonne en 2000.

Lors d’une réunion, les ministres de l’éducation européens ont décrété, que l’école était trop coûteuse et trop ambitieuse : l’école libérale doit être « l’économie de la connaissance la plus compétitive dans le monde ». Elle n’a besoin, pour répondre au marché de l’emploi, que de 50% d’élèves qui aient un niveau de qualification à BAC+3. Pour les 50% restant, un socle minimal de compétences et d’attitudes suffirait.

Le fondement idéologique étant planté et jamais démenti par nos responsables politiques successifs, il ne restait plus qu’à mettre en œuvre les réformes nécessaires aux réductions de moyens.

C’est ce qu’ont fait avec plus ou moins de zèle les ministres de l’éducation successifs et ce que poursuit notre ministre actuel, s’appuyant tous sur l’argument imparable de l’insupportable dette de l’état qui n’autoriserait plus une dépense publique à hauteur des besoins.

Cet argument a été un temps suffisant, pour convaincre l’opinion publique mais aujourd’hui il est un peu court, pour une population largement informée :

"-" – sur les problématiques d’évasions et de fraudes fiscales : 100 milliards de recettes qui échappent chaque année au budget de l’état,

"-" – sur ce qu’empochent les actionnaires des plus grandes entreprises françaises. : 57,4 milliards d’euros pour 2018, un record absolu qui dépasse le budget de l’Education nationale

"-" – sur l’allègement des cotisations sociales des employeurs passées allègrement de 20 à 40 milliards d’euros.

L’idée fait son chemin, qu’il y aurait des masses d’argent considérables à récupérer et à réaffecter pour répondre aux besoins de la population.

Le rapport de force n’étant pas encore en place pour exiger une autre orientation économique et sociale, c’est la rigueur qui s’applique.

Notre ministère y contribue lourdement puisque 2650 postes seront supprimés au plan national pour la rentrée 2019. L’académie de Limoges contribuera à hauteur de 58 pour ce qui est du second degré.

Si dans le 1er degré le solde est neutre dans l’académie, la Creuse et la Corrèze devront rendre des postes, respectivement 3 et 5, pour compenser les 8 créations en Haute-Vienne. Qui peut croire un instant, qu’on peut attendre une amélioration du système avec de telles mesures ?

Sans les moyens nécessaires pour fonctionner, l’administration corrézienne fait donc des choix aux conséquences lourdes :
-la scolarisation des enfants de moins de 3 ans régresse sur l’ensemble du territoire.
-Les remplacements ne sont pas tous assurés (en 2017-2018, 718 jours de classe non remplacés !).
-Les dispositifs de "plus de maîtres que de classes" dont l’efficacité est prouvée sont progressivement abandonnés.
– Et surtout, les seuils pour les ouvertures (et les fermetures) de classes sont de plus en plus hauts, compliquant sérieusement les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignants, sans aide supplémentaire pour aider les élèves en difficulté, puisqu’il n’est pas question en Corrèze de recréer de postes en RASED, pourtant nécessaires.

Si le ministre Blanquer peut encore faire illusion auprès de l’opinion publique, en ventant ses réformes du Lycée et du LEP, le désaveu de la profession est total.

La froide réalité des dotations horaires, met en émoi toutes les équipes pédagogiques.
Toutes ont bien compris les dégradations que vont générer ces dotations : alourdissement des charges de travail avec l’imposition massive d’heures supplémentaires, réduction les dédoublements, augmentation des effectifs des classes, augmentation des effectifs en atelier pour le classes de SEGPA et dans les LEP, etc…

Notre ministre se félicite des premiers résultats du dédoublement des CP en REP+ qui sont positifs.

Ils sont conformes aux études françaises et internationales, qui établissent un lien entre baisse très significative du nombre d’élèves par classe et amélioration des résultats des élèves dans les petites classes.

Dès lors, quel sens donner à toutes ces fermetures de classe, qui induisent dans les écoles concernées un alourdissement des effectifs ?

Est-ce comme cela, que nous allons régler la difficulté scolaire et réduire les déterminismes sociaux ?
A l’évidence non, et cela aussi nous le dénonçons, tant qu’il est encore possible de la faire, parce que dans le registre de la liberté d’expression, il semblerait que l’avenir qui se dessine soit aussi à la régression.

Dans sa loi « pour une école de la confiance », le ministre donne le ton dès l’article 1er.

Il s’agit d’inscrire dans la loi une obligation de réserve qui permettrait de donner un fondement légal à des mesures disciplinaires condamnant des personnels jugés coupables de « faits portant atteinte à la réputation du Service public ».

« La méthode Blanquer » qui devait se décliner par la confiance au rendez-vous, se métamorphose avec le temps, en confiance au garde à vous !

En commission de l’Education nationale, le ministre a aussi fait adopter un article, qui lui permet de modifier par ordonnance la composition des CAEN et CDEN, des assemblées "fastidieuses où on cultive les jeux de rôle" dit-il !

Après les fortes menaces qui pèsent sur les instances paritaires dans la gestion des personnels, il faudrait donc envisager un verrouillage de ces deux instances ?

Il ne suffira pas de parler de confiance et de bienveillance pour combler un fossé qui se creuse entre les personnels et l’administration, quand les mises en œuvre de l’évolution du système éducatif, passent visiblement par la caporalisation.

La FSU est prête au dialogue mais pour dialoguer il faut être au moins deux : on vous attend toujours sur ce registre, monsieur le Ministre !

Je vous remercie.