Chers camarades, chers collègues : défenseurs de l’école publique et laïque.

Ce 12 novembre 2018 marque une nouvelle étape dans les luttes que nous menons depuis si longtemps, trop longtemps, contre la déliquescence du système scolaire français.

Jean Michel Blanquer notre technocrate de l’éducation n’est pas le seul responsable de l’ensemble de nos problèmes.

Il est dans la continuité de la très grande majorité de ces prédécesseurs, à ceci près, que dans la philosophie de son Manager-Président, il veut être le meilleur, le premier de cordée, celui qui doit remplir ses objectifs à la lettre et même peut être au-delà ?

Dans ce cadre là, c’est-à-dire celui de l’injonction car il n’y a rien à négocier, il faut le dire notre Ministre et l’ensemble de ses collaborateurs excellent.

Il ya quelques jours Bernadette Groison Secrétaire Nationale de la FSU ne disait pas autre chose : « le gouvernement ne respecte pas les organisations syndicales, il ne nous écoute pas, tout est décidé à l’avance… »

Même son de cloches du côté du Conseil Supérieur des Programmes, organisme indépendants créé en 2013, où les démissions se succèdent !

Dans une tribune envoyée au café pédagogique, 10 anciens membres y dénoncent depuis l’arrivée de sa nouvelle présidente Souad Ayada, bras armé du Ministre : « un fonctionnement peu respectueux de la collégialité », « des dénis de démocratie », « des pressions pour obtenir des démissions », « un autoritarisme dans des proportions difficilement imaginables ».

Cet état d’esprit érigé en modèle de fonctionnement se ressent forcément dans notre quotidien, où nous avons la désagréable sensation d’être dépossédé(e)s de nos compétences pour devenir de simples exécutants.

Je le disais en début de déclaration, les dégradations du système scolaire ne datent pas d’aujourd’hui’hui.

De réformes en réformes, à intervalles de plus en plus resserrées, nous n’avons cessé de perdre des moyens.

Un exemple, que l’on pourrait généraliser à l’ensemble du système, pour illustrer mes propos :

Le total des heures reçues pendant les 5 années de primaire à partir de la rentrée 2008 est de 1584 heures.

Il faut rappeler qu’en 1968 il était de 2016 heures. La perte nette atteint 432 heures, soit plus d’une année scolaire sur la base des horaires de 1968 (403 h en moyenne annuelle), ou exactement une année et demie de cycle 3 (CE2, CM1, CM2) de 2008.

Enrobées forcément des meilleures intentions du monde et mises en place pour paraît-il, le plus grand bénéfice de nos élèves, les réformes sont porteuses systématiquement de réductions horaires.

En Macronie, les 881 400 enseignants parmi les 1 132 700 personnels de l’éducation pèsent lourd, trop lourd, dans le budget de l’état, comme d’ailleurs l’ensemble des fonctionnaires de notre pays.

Nous sommes, dans ce temps politique, où la sphère publique est considérée comme une charge insupportable pour la nation.

En martelant en permanence qu’il faut faire évoluer une fonction publique trop archaïque, le gouvernement travaille en fait sournoisement, à son dynamitage.

Le vieil adage : « quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage » prend ici tout son sens.

Si nous sommes en grève et ici aujourd’hui, c’est parce que nous ne sommes pas dans la posture de « regarder béatement le train passer » et d’accepter sans broncher l’avenir qui se dessine.

De la maternelle à l’université, le système scolaire français se délabre un peu plus chaque année faute de moyens suffisants.

L’édifice ne tient que grâce à un dévouement sans faille des personnels, qui cumulent toujours plus de tâches et qui font face à des problèmes parfois insolubles.

La misère galopante, la violence, les conflits familiaux, le handicap, la santé, les classes surchargées : autant de problèmes à gérer au quotidien et comme seules perspectives, un alourdissement supplémentaire de notre travail avec ces milliers de suppressions de postes dans le secondaire.

L’ensemble des syndicats de l’enseignement de la FSU, Le SNUIPP, le SNES, le SNUEP, le SNEP et le SNETAP vous disent : STOP Monsieur Blanquer !

Cessez de jouer au comptable.

Cessez de nous donner des ordres.

Laissez-nous respirer.

Laissez-nous faire notre travail sereinement.

Ne faîtes plus semblant de nous soutenir et d’avoir de l’estime pour les personnels, alors que toutes vos décisions nous compliquent la vie au travail.

Allégez les effectifs de nos classes.

Pensez davantage à nos élèves et particulièrement à ceux, qui ont le plus besoin de l’école. Les difficultés ne se concentrent pas, que dans les CP et CE1 de REP+

Montrez-nous, que par-dessus tout, vous travaillez à la réduction des inégalités.

Chers collègues, chers camarades, défenseurs de l’école publique et laïque, nous tous réunis ici aujourd’hui, ne devons plus céder un pouce de terrain.

Il ne faut s’attendre à aucune faiblesse, aucune concession, d’un pouvoir qui rêve de mettre à genoux l’ensemble des services publics dont l’école.

Le gouvernement ira aussi loin qu’il le pourra, avec la complicité d’organisations politiques trop contentes de valider ces choix.

Les statuts passeront à la « moulinette libérale »avec inévitablement des conséquences sur le temps de travail, les recrutements, la formation, les rémunérations et la représentativité syndicale.

Autant se le dire sans ambiguïté, si nous ne relevons pas les défis qui nous attendent, en rassemblant sur nos analyses et nos revendications, la très grande majorité de la profession, nous perdrons un combat idéologique.

Pour rêver à des lendemains qui chantent et c’est tout à fait possible, il va falloir sérieusement se retrousser les manches et réinvestir le terrain des luttes sociales

La FSU et ses militants sont prêts à en découdre, Ihasta la victoria siempre : en avant jusqu’à la victoire !

Merci à tous.


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