Après une fin de cycle politique marquée à l’Education Nationale par deux grandes réformes non concertées : celles des rythmes scolaires et du collège, qui ne sont plus qu’un lointain souvenir ( !), l’entame d’un nouvel exercice porté par le Ministre Blanquer se voulait plus joyeuse avec un démarrage en chanson.
Ce ne fut hélas qu’une étincelle !
La partition que nous joue le Ministre depuis sa prise de fonction, s’apparente en fait, davantage à une marche funèbre de l’éducation Nationale.
Entre les nouvelles réformes du lycée, du baccalauréat, de la voie professionnelle, le nouveau dispositif d’orientation pour l’entrée à l’université, le changement du mode de recrutement des enseignants et les injonctions incessantes en directions de nos collègues du 1er degré ; la profession a bien compris le sens de la refondation de l’école.
Bien évidemment nous ne la partageons pas, tant ces directives ou dispositifs nous éloignent de l’idée que nous nous faisons, d’une école émancipatrice qui donne une chance égale à tous les enfants de la République.
La politique éducative mise en œuvre, obéit à une logique assumée de désintégration des services publics.
En témoignent, entre autres : les suppressions programmées de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires, le recrutement prévisible de milliers de contractuels pour compenser, les lourdes menaces qui pèsent sur le statut des fonctionnaires et les règles qui les régissent.
Les projets de fermeture des CIO (centre d’information et d’orientation) et de suppressions d’un certain nombre de Rectorat sont également révélateurs de cette volonté de restructuration sous couvert de modernisation, qui participe bien entendu à la réduction de moyens.
L’agitation étudiante et dans une moindre mesure lycéenne, témoigne d’une prise de conscience d’une jeunesse qui a bien compris les manœuvres aboutissant à un tri social.
Si l’agitation n’a pas gagné pour l’instant l’ensemble de la communauté éducative, il ne faudrait pas trop rapidement en déduire, que les enseignants et autres personnels valident ces options politiques.
Fidèle à elle-même, la profession tente tant bien que mal, de remplir les missions qui lui sont confiées dans l’intérêt des élèves mais elle n’est pas dupe.
Placée dans des conditions de travail toujours plus difficiles, jamais concertée, mal rémunérée, présentée comme une charge insoutenable pour le budget de l’état, la communauté éducative, variable d’ajustements économiques, se sent méprisée.
Ce n’est pas sans conséquences sur la qualité de l’enseignement et la santé physique et psychique des personnels.
Ce n’est pas sans conséquences non plus sur les recrutements.
Ce n’est pas nouveau, notre pays manque cruellement d’enseignants dans le 1er et le second degré.
Plutôt que de répondre aux vraies problématiques du désamour d’un très grand nombre d’étudiants aux métiers de l’éducation, problématiques qui nécessiteraient de lourds investissements ; le Ministre choisit la voie du raccourcissement de la durée d’étude !
Encore une fois la seule ligne politique qui vaille pour le Gouvernement, quelles qu’en soient les conséquences, est celle de la réduction des coûts.
Enfin, pour terminer sur une bonne note musicale et rassurer tous ceux qui pourraient inopinément nourrir quelques inquiétudes sur le devenir de l’école dans notre pays, la refondation est en marche, allègrement, toujours en chanson.
Avec l’objectif d’atteindre le million de choristes d’ici 2019 en collège, nous voilà complètement rassurés : demain tout va aller mieux !
Jean-Pierre Durth