Cette rentrée scolaire 2016/2017 a ceci de particulier, qu’il s’agit de la dernière du quinquennat de François Hollande.

Cela appelle donc déjà, quelques constats et commentaires sur cette période, mais avant de rentrer plus avant dans le détail, quelques mots sur le climat qui règne dans le Pays.

Les deux mois d’été n’auront pas été, comme ce fut souvent le cas par le passé, une période sereine et propice à la décompression.

Le contexte international, avec son lot de guerres en Afrique et au Moyen Orient, de coup d’état en Turquie, d’attentats sur toute la planète ne peuvent laisser indifférents. L’horreur des tragédies humaines qui en résultent ne semble plus avoir de limite.

Les tragiques attentats de Nice et de Saint Etienne du Rouvray ont meurtri une fois de plus notre pays, mais contrairement à l’unité nationale qui s’était manifestée post attentats du 13 novembre 2015, il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour que la classe politique se déchire sur la responsabilité des uns ou des autres, pour que les stigmatisations s’avivent et que les arrières pensés politiques polluent les débats.

Cette rentrée scolaire s’effectue donc dans ce climat tendu qui justifie la prise en compte de la dimension sécuritaire dans et aux abords des établissements scolaires.

L’agitation qui règne autour de ces questions par voie médiatique, pourrait laisser croire à une réactivité tardive de la communauté éducative.

Il n’est donc pas inutile de rappeler que depuis des mois déjà, dans ce département et dans beau- coup d’autres, l’administration et les personnels ont pris la mesure du problème, ont réfléchit et œuvré à l’amélioration de la sécurité des élèves et de l’encadrement.

Revenons maintenant aux questions éducatives.

François Hollande avait annoncé comme objectifs parmi d’autres : la refondation de l’école de la ré- publique, avec à la clef la création de 60 000 postes d’enseignants.

Il est indiscutable de constater, que ce gouvernement a marqué une rupture avec le précédent. Quand le président Sarkozy a supprimé 160 000 postes à l’éducation nationale, le président Hollande ne sera pas loin d’avoir créé ce qu’il avait promis.

S’il faut se réjouir de l’inversion de la tendance on ne saurait se contenter, à la fin de ce mandat présidentiel, de l’insuffisance des recréations de postes, d’autant que des milliers d’emplois créés n’auront pas trouvés preneurs faute de candidats.

Pour illustrer le propos, l’Académie de Limoges aura perdu 500 postes entre 2007 et 2012, 50 auront été recréés à ce jour. Ils ne compensent même pas la hausse démographique, notamment avec l’arrivée du baby-boom de l’année 2000 au lycée. Par ailleurs, il ne reste quasiment pas de TZR pour effectuer les remplacements en cours d’année scolaire.

Ces quelques dizaines de milliers de postes absorbés par la démographie et le redémarrage de la formation des enseignants, n’auront rien modifié sur le terrain dans les établissements scolaires. Autrement dit nous : élèves et enseignants, continuons de subir les dégradations des années passées résultant de la mise en œuvre, de politique de démantèlement des services publics.

La refondation de l’école, ce sont plusieurs chantiers dans le 1er degré inégalement aboutis et la réforme du collège dans le secondaire.

Pour le primaire la réforme des rythmes scolaires, dont nous avions annoncés les effets inégalitaires dès son annonce, est pleinement en œuvre, et la réalité aujourd’hui nous donne raison : les différences de traitement du péri-scolaire entre les communes sont criantes. Le bénéfice culturel, sportif, éducatif est discutable dans bien des écoles.

De plus, après quatre années d’application, aucun bilan officiel permettant d’apprécier son efficacité sur les résultats scolaires des élèves n’est encore prévu. Une véritable évaluation devrait être me- née, afin de décider de son évolution éventuelle.

La réforme des programmes très attendue, apporte de son côté beaucoup de satisfaction. Mais quelle formation, quel temps dégagé pour que les enseignants s’approprient ces programmes ? Et quelle durée de vie, quel devenir pour une réforme qui n’aura qu’une année d’application à la fin de la mandature actuelle ? Combien de temps avant qu’un futur ministre ne les bouleverse à nouveau ? Sur le collège, nous sommes d’accord, il y avait urgence à réformer, tant les difficultés sont importantes. Si nous partageons le constat que le statut quo n’est plus tenable, nous sommes inquiets quant au remodelage du système éducatif guidé par un renoncement aux objectifs émancipateurs et ambitieux pour tous les jeunes, contrairement au discours officiel. La profession n’est pas figée sur cette question. Acteurs sur le terrain au quotidien, nous sommes les premiers à constater les difficultés de nos élèves et la quasi impossibilité d’y remédier, mais voilà, lorsque notre expertise ne compte pas, lorsque nos propositions ne sont pas retenues et qu’il y a rien à négocier, il ne faut pas s’étonner au mieux du manque d’enthousiasme de la mise en œuvre, au pire du rejet ! Nous le redisons haut et fort, cette réforme ne transformera pas le collège, elle ne donnera pas une égale chance de réussir à tous, elle ne réduira pas les déterminismes sociaux. Diminuer les horaires n’a pas de sens : moins d’école, c’est plus d’inégalité.

L’interdisciplinarité forcée, via les EPI n’en a pas davantage : les IDD, ex EPI, ont fait preuve de leur inefficacité et n’existent plus qu’à la marge dans quelques rares établissements.

L’aide personnalisée, en classe entière, quand le suivi individuel ou en petit groupe pour les plus faibles serait une nécessité, est une hérésie.

Vous avez raison sur quelques points Me la Ministre « la réforme du collège ne sera pas l’apocalypse annoncée, la terre ne va pas se fendre en deux, on va continuer par-ci par-là à enseigner le grec et le latin, l’allemand n’a pas totalement disparu »…pour l’instant !

Mais sur un point vous avez tort : « la rentrée n’est pas apaisée » en atteste l’appel à la grève de ce jour.

On demande beaucoup à des personnels qui se sentent peu ou mal considérés par leur ministère de tutelle.

On demande beaucoup à des personnels qui n’ont aucune visibilité sur les années futures : n’entendons-nous pas déjà les futurs présidentiables de droite affirmer qu’ils supprimeront immédiatement cette réforme s’ils sont aux commandes du pays ?

On demande beaucoup à des personnels petitement revalorisés, déçus par les propositions salariales qui leur ont été faîtes même s’il faut noter des avancées qui ne compenseront pas et de très loin, les pertes de pouvoir d’achat depuis plus d’une décennie.

Puisqu’il faut conclure, pour la FSU, si tout n’est pas à jeter il y a le sentiment d’une immense déception et beaucoup d’amertume dans la profession.

Le curseur aurait pu aller beaucoup plus loin pour l’éducation. D’autres choix ont été faits : sur les 37 milliards généreusement accordés au patronat, via le CICE, quelques milliards auraient été mieux utilisés et plus profitables à l’emploi public, à nos conditions de travail, aux conditions de vie de nos étudiants.

Dans quelques mois les citoyens jugeront.