Les Ministres passent mais certaines idées perdurent !
Ainsi comme l’avait préconisé en 2015 Najat Vallaud Belkacem, le Ministre Blanquer, en réaction à la parution de l’enquête internationale Pirls, décide de rendre obligatoire la dictée quotidienne.
Le SNUIPP/FSU s’était exprimé sur le sujet en direction de la Ministre et cela reste tout aussi valable aujourd’hui.
Extraits :
« Lire, écrire compter » la mission de l’école primaire depuis toujours.
> De tout temps, les programmes ont insisté sur l’importance de la maîtrise de la langue, de la lecture, de l’écriture et du calcul. Au quotidien, nous ne nous trompons pas puisque nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie à ces apprentissages avec rigueur et professionnalisme. Notre école évolue comme la société. Apprendre à lire, à écrire et à compter doit se faire en lien avec les nouvelles connaissances culturelles, scientifiques, artistiques …
Non, la dictée n’a jamais disparu.
C’est une forme d’exercice pratiquée depuis toujours dans les classes et présente dans les programmes actuels et anciens comme une activité possible.
Oui, il peut y avoir de multitude de manière de faire des dictées.
Auto dictée, à deux, préparée, caviardée, dictée sans erreur, à choix multiples, dictée dialoguée ou négociée… Dans tous les cas, ce sont les enseignants qui sont maîtres des choix des modalités pédagogiques.
Non, la dictée n’est pas la recette miracle pour maîtriser l’orthographe.
Aucune étude ne montre que la seule pratique de la dictée fait monter le niveau des élèves en orthographe. Rien ne sert d’appliquer une règle comme un automate. L’important est de bien la comprendre et de la réinvestir en situation. Les nouveaux programmes ne s’y trompent d’ailleurs pas. Ils insistent sur les activités d’observation et de manipulation sur des textes lus en classes : « L’étude de la langue s’appuie essentiellement sur des tâches de tri et de classement, donc de comparaison, des activités de manipulation d’énoncés (substitution, déplacement, ajout, suppression) à partir de corpus soigneusement constitués, a¬fin d’établir des régularités […] Les connaissances se consolident dans des exercices et des situations de lecture et de production d’écrits »
Cette enquête réalisée en 4ème année de scolarisation obligatoire (CM1) tous les cinq ans, positionne la France au 34ème rang sur 50 et acte un recul de 22 points par rapport à 2001, sur les mêmes textes et les mêmes questions portant sur le niveau de lecture des élèves.
Pour bien faire il faudrait maintenant analyser les causes de la dégringolade !
Dans son expression face à la proposition du Ministre, le SNUIPP donne un élément de réponse : "La réponse apportée est très en deçà de ce qu’on peut attendre devant un tel choc. L’accent doit être mis de façon beaucoup plus claire sur la réduction de la taille des classes."
Plutôt que de laisser planer le doute sur ce qui est fait ou pas dans la journée de classe ou la qualité de ce qui est fait (mais qu’il faut tout de même analyser), Monsieur le Ministre ferait bien de se pencher davantage sur :
-A : les conditions de travail des personnels
-B : l’impact du milieu°
°L’enquête Pils montre clairement l’importance de l’environnement familial sur la réussite dans la maîtrise de la langue. Elle note aussi que les résultats sont liés à "l’absence de pénurie de ressources" au sein de l’établissement mais aussi dans les foyers et conclut que plus l’environnement est sûr, moins il y a de fatigue et de problème de nutrition, plus les résultats sont bons…
L’environnement social est donc primordial et à défaut de tout réparer – chômage, pauvreté, logement, transport- l’Education Nationale doit permettre à tous ses enfants de s’instruire et de se construire.