En marche arrière, toute !

Au classement de la prise de fonction la plus catastrophique de l’ère Macron et peut être même de la cinquième république, la toute fraiche Ministre de l’éducation, des sports et des Jeux Olympiques fait figure de championne toutes catégories.

Nul ne sait s’il faut attribuer ses premières déclarations calamiteuses à l’émotion de la nomination, à l’immaturité politique, à la suffisance de classe ou tout simplement à la stupidité de l’énarque mais toujours est-il, qu’il n’y a pas de comparaison possible avec ses prédécesseurs, dans ses capacités à se mettre une profession à dos en aussi peu de temps :le dialogue est rompu avant même d’avoir commencé !

Au final quoi de plus normal qu’une première semaine s’apparentant à un vrai calvaire, pour une Ministre qui raffole pour ses enfants de l’établissement privé (très) catholique St Stanislas dans le 6éme arrondissement de Paris.

Etablissement qui soit dit en passant ne doit pas bénir la Ministre pour la publicité qui lui a été faite, poussant les médias, la mairie de Paris et le gouvernement à mettre le nez dans la tambouille interne ! Et ce ne fut pas reluisant…

Quand l’horizon s’obscurcit à ce point et que le cataclysme semble inéluctable il ne reste plus qu’à s’accrocher à un miracle et Amélie a eu raison d’y croire : le mécontentement du monde paysan qui met le pays sens dessus dessous vient lui sauver la mise momentanément et lui permettre de souffler quelques temps avant de se remettre en selle.

Une crise chasse l’autre, il en va ainsi en Macronie !

Pour autant les problèmes demeurent voire s’accentuent avec des remédiations politiques qui si elles peuvent laisser croire à l’opinion publique que le gouvernement agit, ne trompent pas les défenseurs du système éducatif public et laïc.

Les derniers résultats du classement des 38 pays de l’OCDE en 2023 montrent que les résultats de la France sont parmi les plus bas jamais enregistrés avec une 23ème place au classement général et un recul spectaculaire en mathématiques.

Ces résultats valident les effets néfastes et prévisibles de toutes les grandes réformes dans l’éducation depuis 1968 qui ont pour dénominateur commun la diminution des horaires d’enseignement au détriment des élèves.

Les diminutions d’horaires n’expliquent cependant pas tout.

Jusqu’en 1985 les établissements scolaires recevaient des moyens en fonction des besoins qu’ils faisaient remonter. A partir de 1986 la mise en place des Dotations Horaires Globales dans les établissements scolaires du second degré marque un changement de paradigme : on attribue des moyens aux établissements scolaires et ceux-ci adoptent un fonctionnement en conséquence.

Ainsi est mise en œuvre la redoutable machine à supprimer des postes, à dégrader les conditions de travail des élèves, à mettre en concurrence les personnels, les disciplines, les établissements, etc…

Dans ce cadres là, il va de soit que les personnels n’ont pas été épargnés.

Les dégradations des conditions de travail ont bien entendu suivi au plus près les économies budgétaires et à cela il faut ajouter le déclassement salarial entamé en 1983 avec la désindexation des salaires dans la fonction publique du niveau de l’inflation.

Nous voilà donc aujourd’hui 40 ans plus tard avec une profession socialement déclassée dont le niveau de motivation semble passablement altéré, qui doit encadrer, instruire, former une jeunesse en perte de repères dans une société malade !

A cette situation calamiteuse qui aurait nécessité un revirement politique à 180°, le pas si lointain Ministre de l’éducation Gabriel Attal nous a concocté, accrochez vous bien, un « choc des savoirs » !

Autrement dit, un « ensemble de mesures réactionnaires au moindre coût, participant au tri social des élèves, dont les effets passés n’ont jamais fait la démonstration d’une moindre amélioration »

On est donc toujours dans le même registre : « Blanquer la morale »,« Attal l’uniforme »,avec les fausses nouveautés à venir ; retour au redoublement même si les chercheurs en sciences de l’éducation ont fait la preuve de leur inefficacité, groupe de niveau : on est jamais mieux que dans l’entre soi (et ils savent de quoi ils parlent), évaluations « à gogo », réécriture des programmes (sans discussion à priori), choix des manuels imposés (au diable la liberté pédagogique)…

Voilà le grand chamboulement que devra mettre en œuvre la nouvelle Ministre car vu ces exploits médiatiques on ne lui demandera ni d’innover ni d’en rajouter (du moins pour l’instant) mais de travailler aussi discrètement que possible ; enfin si elle y arrive…

Dans la situation inflammable dans laquelle se trouve le pays et qui inquiète sérieusement l’exécutif, l’appel à la grève décidée le 1er février par les organisations syndicales de l’éducation pourrait prendre une autre dimension, pour peu que la profession et une partie de la population y voient l’occasion de dépasser les clivages, les divergences et de retrouver l’unité, nécessaire au début du changement de cap.

La déliquescence du pays est corellé au délabrement du système éducatif qui le précède. L’enjeu est bien de faire percevoir cela à l’ensemble de la population pour faire de nos luttes le combat de tous.

Le 1er février nous en dira plus sur la perception des enjeux et le devenir de cette minorité présidentielle !