PETIT POINT D’ETAPE.
Noyés que nous sommes, dans un flot quotidien et incessant d’informations et de faits divers plus ou moins graves et trop souvent surmédiatisés, il semble nécessaire de faire un petit bilan de la situation politique sociale et économique de notre pays dans un environnement international complexe dont à l’évidence on ne peut s’extraire.
Donc voici :
En 1947, un groupe d’experts et de scientifiques américains créé par Albert Einstein a mis au point une «horloge de l’apocalypse».
En sachant que la destruction totale de la planète aurait lieu à minuit, en 1972 nous étions à 12 minutes de l’heure fatidique, en 2002 nous en étions à 7 minutes et en janvier 2024 les scientifiques du Bulletin of the Atomic Scientists ont estimé que nous n’étions plus qu’à 90 secondes de la catastrophe.
Au-delà du risque nucléaire sur lequel s’appuyait auparavant les scientifiques sont venues s’ajouter les conséquences du changement climatique ainsi que la rapide évolution de l’intelligence artificielle et des technologies biologiques en cas de mauvais usage.
Comme l’a dit fort justement l’éditorialiste de l’humanité du vendredi 15 mars, Emmanuel Macron de par ses déclarations stupéfiantes sur l’envoi de troupes françaises au sol en Ukraine nous a rapprochés de quelques secondes de l’heure fatidique.
Depuis cette prise de position qui a pris de court toute la diplomatie atlantiste et européenne, la surenchère guerrière s’est exprimée sans ambiguïté par la voix du président russe pour qui l’utilisation de l’arme nucléaire ne semble pas un problème.
Monsieur Macron n’a apparemment pas trouvé mieux, pour faire diversion et s’extraire des désordres sociaux intérieurs, sans compter le gain envisageable au plan électoral, que de jouer au chef de guerre !
Sauf que dans un tel climat de tensions internationales où les conflits ne cessent de croître, où par la force des choses l’armement est le premier poste de dépenses sur la planète, la moindre étincelle pourrait avoir des conséquences dramatiques.
Monsieur Macron n’en a cure visiblement mais nous lui disons Nous, citoyens de ce pays, militants de la FSU, militants de la paix, que nous ne voulons pas de guerre ni pour nos enfants, ni pour nos petits enfants, ni pour la jeunesse de ce pays.
Il n’a pas fallu attendre la crise ukrainienne pour comprendre son penchant pour la guerre que ce soit avec son peuple ou avec un ennemi invisible : n’était-il pas à deux doigts d’envoyer l’armée contre les gilets jaunes ? Ne déclarait-il pas la guerre au COVID ?
Comment ne pas penser que dans son fort intérieur, son cerveau reptilien, il n’y a pas cette entité belliqueuse, toujours mordre ou se préparer à mordre : ne serait ce pas la militarisation des esprits que prépare le SNU (Service National Universel) appelé à devenir obligatoire ?
Et puis pour en finir le choix des mots, jamais anodin, tel « réarmement » utilisé à toutes les sauces et largement repris lors de son discours de politique générale par Gabriel ATTAL.
J’aimerais tant vous extraire de ce sombre tableau à l’international pour vous ramener dans notre douce France, ce cher pays de notre enfance, hélas hormis avoir déclenché une petite inspiration nostalgique vous savez comme moi que la suite à venir est peu reluisante.
Au plan intérieur depuis sept longues années nous sortons d’une crise pour entrer dans une autre !
Ce sera à jamais le marqueur de l’ère Macron, des crises sociales à répétition : loi travail, gilets jaunes, retraites, émeutes urbaines, Ste Soline, loi immigration, agriculture, avec pour corollaire les violences disproportionnées pour réprimer les contestations.
Sans oublier pour saupoudrer le tout la crise du COVID qu’on ne peut pas imputer au gouvernement mais dont la gestion calamiteuse a décrédibilisé totalement et durablement pour qui n’a pas la mémoire courte, nos responsables.
Aujourd’hui le Président continue de mettre en œuvre son programme libéral, quoiqu’il en coûte de casse sociale et de détérioration de finance publique, bien aidé par une constitution qui s’exonère de l’avis du parlement et qui lui donne quasiment tous les pouvoirs.
Mais il serait mentir de dire que tout va mal en Macronie.
Pour sûr tout ce qui relève du service public et de l’intérêt général est à l’agonie mais une caste de privilégiés ( grandes entreprises, grandes fortunes, grands entrepreneurs) se porte plutôt bien !
En témoignent l’accroissement des fortunes, les bénéfices nets, les dividendes qui explosent et la bourse qui exulte avec un indice à 8000 points. Allez une rapide illustration de mes propos : les milliardaires et leur famille ont vu leur fortune augmenter de 87% depuis 2020.
En 2018 la France comptait 40 milliardaires, elle en abrite désormais 53. Cette année 11 petits nouveaux font leur entrée dans le club des ultrariches dont Héléna et Rémi Dassault (enfants d’Olivier Dassault), Daniel Rocher (fils de Yves) et Bris Rocher (le neveu)… Ah, les bienfaits du ruissellement !
Dans le même temps la richesse cumulée par 90% des Français a baissé selon le rapport d’OXFAM de janvier 2024.
Pour autant le pouvoir ne semble pas s’émouvoir de la situation.
Taxer le capital, faire de l’évasion fiscale une priorité ou cesser de déverser des centaines de milliards à des entreprises qui se gavent sans jamais créer d’emploi ne sont toujours pas des priorités alors que la situation économique du pays se détériore toujours plus, comme nous l’a confirmé récemment Bruno Le Maire.
40 milliards d’économie à trouver sur deux ans : la pilule est amère !
Le ministre de l’économie ne tergiverse pas en mettant à la diète l’enseignement, les transports, la transition énergétique, la recherche, etc…
Concernant l’enseignement, sujet qui nous préoccupe au premier plan, il ne faudra s’attendre à aucune amélioration notable en termes de postes, de condition de travail et de rémunération.
Ce qui d’après le 1er Ministre devait être la priorité du gouvernement sera à coup sûr au final un flop supplémentaire. Les uniformes à l’école, les internats revisités, les groupes de niveaux (s’ils se mettent en place), la méthode de Singapour, etc., ne sont pas les réponses adaptées, souhaitées et attendues pour redonner à l’école un souffle nouveau.
Les enseignants de la Seine ST Denis en grève depuis deux mois maintenant, estiment à 8045 postes leurs besoins pour fonctionner décemment quand la Ministre leur promet entre 3 et 50 postes supplémentaires : à l’image de ce département on voit bien là, le gouffre qui sépare le monde enseignant des politiques du moment.
Je ne saurais conclure sans évoquer l’avenir politique du pays, qui à moins de circonstances exceptionnelles et qu’il faut redouter, devra changer de gouvernance en 2027.
Un sondage commandité par Les Républicains à IPSOS pendant la loi immigration et qui devait rester secret a fuité quelques jours après. Ce sondage indiquait qu’à l’instant T, en pleine discussion de la loi immigration, qu’en cas de dissolution de l’assemblée nationale le Rassemblement National pourrait devenir majoritaire à la chambre basse.
A vrai dire la préparation des esprits à l’arrivée du RN au pouvoir est si forte que ce n’est pas une surprise pour grand monde.
De plus en plus de Français rêvent de Marine et de Jordan qui est le seul homme politique à entrer dans le top 50 IFOP/JDD des personnalités préférées des français (30ème place). La dédiabolisation est désormais dépassée, place à la normalisation.
Cette évolution est d’autant plus stupéfiante qu’en examinant les votes RN au parlement, le socle des électeurs de ce parti se fait rouler dans la farine.
Pour mémoire le Rassemblement National a voté contre le blocage des prix, l’augmentation du SMIC à 1500 euros, l’indexation des salaires sur l’inflation, le rétablissement de l’impôt sur la fortune, le gel des loyers, la taxe sur les super profits, la gratuité des 1ers m³ d’eau.
Malgré les gesticulations des macronistes, ceux-ci s’en accommodent très bien ! Il faut bien se rendre compte que le RN est avec les Républicains, le parti qui vote le plus les lois du gouvernement (42% pour le RN et 53% pour les LR)
Le grand patronat s’exprimant sur la possibilité du RN aux commandes de l’état laisse entendre : « c’est peut être un mal nécessaire ». Comprenez : plutôt Marine que des «islamo gauchiste» !
Face à ce constat, il ne nous reste que deux bonnes années pour déjouer ce qui semble être écrit d’avance.
Ayant une vision assez précise de ce que seraient les conséquences d’une accession au pouvoir de l’extrême droite dans notre pays, l’heure n’est-elle pas venue pour le mouvement syndical de s’immiscer davantage et plus franchement dans le débat politique ?
La direction de la FSU est elle imprégnée de ce combat à mener et prête à le conduire dès maintenant ou va-t-elle un peu comme d’habitude débattre à trois mois des élections pour savoir s’il faut appeler à voter contre le RN ?
Autant de questions qu’il conviendrait d’ores et déjà de se poser pour éviter de se retrouver dans une situation irréversible par manque d’anticipation.
JP DURTH (ancien secrétaire départemental de la FSU19)