Les retraité(e)s et l’École

« Mesure vexatoire et inefficace»: cette protestation de la FSU auprès de la Ministre de l’éducation concerne l’appel de M.Barnier aux retraités pour venir colmater les trous béants dans le remplacement des enseignants.

Alors que sans vergogne, il envisage dans le même temps de décaler de six mois l’indexation des pensions sur l’inflation et que le budget de l’éducation ne permet pas de répondre aux besoins….

Certes, l’Éducation est aujourd’hui à un point de bascule.

Le constat de rentrée est accablant: suppressions de postes massives, fermetures de classes , effectifs par classe très lourds ( plus de 1000 classes de maternelle à plus de 30 élèves!), élèves sans affectation en Seconde, mise en place partielle des groupes de niveau (même si la mobilisation «nous ne trierons pas les élèves» a permis de limiter le nombre de collèges les ayant organisés), élargissement sans moyens de l’inclusion (pas d’augmentation du nombre d’AESH), diminution du temps d’enseignement dans la voie professionnelle, problème de non remplacement des enseignants, recrutement massif de contractuels, etc, etc…

Les perspectives sont tout aussi alarmantes:

Alors que le «choc des savoirs» voulu par G.Attal et de multiples réformes précédentes contribuent à aggraver les inégalités, la nouvelle ministre de l’éducation a, dès son installation, annoncé que « le navire ne changera pas de cap». Qui plus est, le budget en préparation laisse craindre de nouvelles dégradations

La baisse démographique annoncée pouvait laisser espérer une baisse des effectifs par classe: cela ne semble pas le scénario envisagé en haut lieu. Un rapport des inspections générales des finances et de l’éducation préconise de l’utiliser pour «justifier une réduction des moyens d’enseignement» avec fermeture massive de classes et réduction du nombre d’enseignants….

Pas étonnant qu’il y ait une fuite de plus en plus importante vers l’enseignement privé. Du moins pour les familles les plus aisées comme en attestent les IPS ( indice de position sociale) qui met en évidence un tri social de plus en plus prononcé). Il est d’autant plus effarant de constater que des financements publics importants leurs sont attribués, que ce soit par l’État ou des collectivités locales (dont la Région Nouvelle Aquitaine), au-delà même de leurs obligations. Ce qui commence à susciter un certain nombre de recours.

Les retraité(e)s qui pour nombre d’entre eux se sont dévoués pendant toute leur vie pour faire réussir leurs élèves, les retraité(e)s qui se désespèrent de voir les conditions d’étude de leurs petits enfants, ne peuvent qu’être accablés devant cette situation consécutive aux réformes néfastes voulues par les gouvernements successifs. Mais non, Monsieur Barnier, ils n’iront pas jouer les rustines dans une école au bord de l’effondrement si un véritable plan d’urgence n’est pas mis en œuvre .

Notre École Publique et laïque mérite des personnels mieux payés, recrutés en nombre, avec des prérecrutements qui ne réduisent pas la formation universitaire; elle mérite un projet éducatif qui par ses choix budgétaires et des réformes structurelles soit en mesure de relancer une véritable démocratisation et une élévation des qualifications de toutes et tous.

Les retraités sont prêts à agir pour faire prévaloir ces orientations. Ils disent aujourd’hui avec force à l’ensemble de la population, au moment où le budget qui vient d’être annoncé prévoit notamment la suppression de 4000 postes de profs d’école: l’école a besoin de vous! Indignez vous! Les retraités seront parties prenantes des combats menés.