Ce CDEN a la particularité de se tenir à la croisée des chemins entre la fin d’une mandature et une campagne présidentielle qui va aller crescendo dans les semaines qui viennent. C’est donc entre bilans et perspectives que nous nous situons.

Cette période ne manque pas d’interpeller la profession, tant les conséquences risquent d’être importantes sur les questions éducatives, selon les résultats du futur scrutin.

Nous y reviendrons un peu plus loin dans cette déclaration.

La situation nationale et internationale appelle quelques remarques !

Au plan national, la situation de l’emploi ne cesse de se dégrader et d’inquiéter : toutes catégories confondues, 6 575 000 personnes sont en recherche d’emplois sur l’ensemble du territoire soit une augmentation de 1% sur l’année 2016.

L’embellie constatée sur les chômeurs de catégorie A, (ceux qui n’ont aucune activité) sur la période septembre /novembre 2016, est stoppée. Cependant et c’est heureux, malgré une hausse de 0,8% en décembre, le recul sera de trois pour cent sur l’année 2016.

La désindustrialisation massive qui s’opère, résultante de la course à la rentabilité et du profit, dans une Europe qui tourne le dos à l’harmonisation sociale, touche de plein fouet les travailleurs et leurs familles.

La progression constante de la pauvreté dans le pays, que ne cessent de dénoncer les organisations caritatives, est la résultante de cette crise économique, tout à fait assumée, par des financiers et spéculateurs à l’œuvre sur l’ensemble de la planète.

En même temps, toutes ces victimes d’une économie concurrentielle, comme l’ensemble des autres citoyens de ce pays, assistent puissamment aux frasques de nos politiciens de tous bords et leurs démêlés judiciaires aux conclusions très adoucies !

Force est de constater que la justice est moins clémente ces derniers temps, envers des syndicalistes qui se battent pour leurs emplois et les salaires ou des citoyens qui portent assistance à des migrants !

Tout cela fait le lit du populisme, qui ne cesse de gagner du terrain dans notre pays, sans que la fonction publique en soit épargnée : au premier tour de l’élection présidentielle, la représentante du Front National capitaliserait entre 20,7% et 22,2% des intentions de votes des fonctionnaires selon la configuration des candidats en lice.

La question du populisme nous amène d’ailleurs à sortir de nos frontières.

La toute récente élection de Donald Trump aux Etats Unis, dont se félicite la présidente de l’extrême droite française, est porteuse de fortes inquiétudes pour nombre de dirigeants de la planète.

Il n’aura pas fallu huit jours au président américain, pour faire étalage de ce que peut être une droite américaine dure, archaïque, réactionnaire et belliqueuse en matière de relations internationales ou de problématiques internes, qu’elles soient sociétales ou environnementales.

Nul doute, qu’entre une Europe qui peine à convaincre l’ensemble des citoyens européens de son efficacité, un moyen orient très déstabilisé et des États Unis qui se détournent de la coopération, nos futurs gouvernants auront de quoi faire en matière de politique étrangères.

Revenons maintenant à nos problématiques.

La croisée des chemins, dont nous parlions en début de déclaration, oblige à porter un regard sur le bilan du quinquennat en matière éducative mais aussi à évaluer ce qui pourrait nous attendre dans un avenir proche.

Pour ce qui est du bilan, le contenu de notre précédente déclaration lors du dernier CDEN reste d’actualité.

La présente carte scolaire est en cohérence avec ce qui a été fait les quatre années précédentes. Pour cette année : 20 créations de postes pour le second degré (toutes pour le lycée) et 15 pour le 1er degré (15 en Haute Vienne, 0 en creuse, 0 en Corrèze).

Au total 80 postes créés dans l’académie ces cinq dernières années contre 500 supprimés cinq ans auparavant dans le second degré, soit un solde négatif de moins 420 postes sur la période 2007/2017 !

Sur la même période dans l’académie, le premier degré aura perdu 85 postes

Le décalage entre les ambitions refondatrices affichées et la réalité du terrain est sans équivoque.

Et c’est bien là, que la déception est forte, parce qu’entre des créations de postes certes à la hausse mais insuffisantes, et la mise en œuvre à marche forcée de réformes non consenties par la profession, les collègues n’ont ni vu, ni ressenti une quelconque amélioration des conditions de travail.

Au-delà du ressenti, il y a les faits qui en disent long sur nos difficultés à garantir un service d’éducation correct : les remplacements très mal assurés tant dans le premier que dans le second degré dans l’académie, l’accueil très largement insuffisant des tous petits en classe maternelle, l’abandon des enfants en difficultés scolaires, la non reconnaissance des particularités de l’enseignement en ruralité.

Plus largement d’autres indicateurs tout aussi alarmants renseignent sur l’état de notre école : la crise du recrutement (13% de postes non pourvus à la dernière session), l’augmentation du nombre de démissions, l’exposition grandissante constatée aux risques psycho sociaux, l’emploi de précaire qui ne diminue pas…

De causes à effets, il ne faut pas s’étonner de l’afflux inquiétant d’élèves, se tournant vers l’école privée (en 6ème, à cette rentrée 2016 les effectifs du privé ont augmenté de 11,7 %, quand ceux du public n’ont cru que de 3,7 %, en seconde GT les effectifs dans le privé ont progressé de 10,7 % alors qu’ils ont diminué de 3, 6 % dans le public. Pour les années à venir, dans un contexte de faible décroissance démographique, notre administration prévoit une croissance des effectifs du privé de 5 % en 2018 comme en 2019 quand ceux du public diminueraient respectivement de 0,5 % et 0,4 % !).

Si le présent n’est pas reluisant, l’avenir est chargé d’incertitudes.

A ce jour nous n’avons pas encore tous les éléments, pour porter une appréciation sur les programmes éducatifs de l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle.

De ce que nous savons des propositions de certains partis politiques et des probabilités sérieuses qu’ont certains de leurs candidats d’accéder au pouvoir, il y a matière à s’inquiéter.

Ne présageons de rien, mais dans l’hypothèse où se confirmerait la volonté de dégrader sévèrement, les services publics en général et l’école en particulier, il est certain que notre fédération mettra tout en œuvre pour stopper des processus de désintérêt général.

En attendant, entre amertume et inquiétudes, les enseignants, malgré les difficultés, s’emploient au quotidien, à rendre le meilleur service qui soit aux usagers de l’école, dans l’intérêt de nos élèves et de la nation !