Lettre mensuelle des retraité(e)s de la SFR -FSU 19                 janvier 2023

 

                         L’information: un enjeu de démocratie

 

Certes, nous le savons bien, l’information totalement objective est un leurre et n’existe pas  en tant que telle. Dans les divers médias, trop de critères en relativisent le jugement: vérifications des sources, pluralité, connaissances et expertises de celui qui la délivre comme celui qui la reçoit, honnêteté intellectuelle, choix et hiérarchisation des sujets, restrictions étatiques etc…

Pour autant, en restant sur une position la plus neutre possible, force est de constater la dérive, notamment à la télévision, de programmes dits d’informations, et pour les citer explicitement, les chaînes d’info en continue avec ses shows et ses vedettes journalistes ou animateurs qui sont censés nous porter «la bonne parole».

 

Ce système médiatique, bien rodé, instille chez le téléspectateur, l’idée d’une vérité qui à l’instar des paradigmes n’a plus à être contestée puisqu’elle ferait consensus dans le sérail de «ces spécialistes du monde économique et politique ». Cet effet de répétition d’une chaîne à l’autre, finit, peu à peu, par  éteindre tout jugement critique d’un bon nombre de nos compatriotes. Comment les en blâmer, eux qui assistent, jours après jours, années après années, à ce ballet médiatique qui au lieu de susciter le débat, les enferme dans des schémas qui ne veulent les entraîner que dans un seul but: le fait inexorable.

 

Le voilà bien ce souci démocratique: celui de la pluralité des analyses permettant la réflexion de tous et pour laquelle ce média, même si ce n’est pas le seul, très regardé et écouté, devrait remplir ses obligations.

Ne soyons pas naïfs, la tentation de s’approprier l’information, de la contrôler d’une certaine manière est une réalité. Dés lors, certains l’ont mis en œuvre depuis longtemps, financiers et autres «capitaines d’industries» pour s’accaparer la plus grande partie de ces vecteurs.

L’affaire prend tout son sens lorsqu’il s’agit de politique ou de sujets sociaux traversant la société. Par exemple le  projet de loi portant sur le recul de l’age de la retraite, n’est-il pas présenté comme inéluctable par certains journalistes économiques s’exonérant  d’un réel travail de recherche et sans véritables débats contradictoires? Les exemples sont nombreux et notre société n’y échappe pas.

 

Ce spectacle, car il s’agit bien de cela, met en exergue des faits pour travailler l’opinion, la détournant parfois des véritables enjeux en privilégiant le buzz, ramenant la réflexion à celle de l’émotion d’une société spectacle. Les récents propos d’un animateur, «e voulant pas mordre la main qui le nourrit» illustrent  l’état de déliquescence  dans lequel nous pouvons parfois être confrontés.

Devant la multitude de sujets graves qui transforment en profondeur toute la société, l’erreur serait de croire que celui de l’information pourrait être secondaire. Pourtant, ne nous y trompons pas, il est  essentiel et le véritable enjeu qui conditionne tout le reste.

 

Comment réagir face à cette fabrique de la pensée unique? Comment rétablir un équilibre si nécessaire à la démocratie?

Bien sûr, il serait injuste de croire que notre fédération, n’a pas abordé ce sujet à maintes reprises dans sa réflexion et dans ses diverses motions.

Pour autant,  l’accaparement des médias par les puissances de l’argent dont les objectifs libéraux de la loi du marché sont à l’œuvre, devrait conduire notre fédération et au-delà si possible à s’emparer beaucoup plus profondément et  beaucoup plus fort de la question de l’information et peut-être, en faire, comme celles des salaires, des retraites et d’un monde plus juste, sa principale revendication.