« Quand on est retraité, on n’est pas touché » . Cette affirmation d’Emmanuel Macron mérite à plusieurs titres d’être battue en brèche.

"-" Certes les actifs seraient les plus sévèrement impactés par le projet de réforme. Mais les retraités ont le sens de la solidarité, d’autant plus qu’ils bénéficient actuellement d’un système de retraites solidaire où la cotisation est une partie de salaire socialisée. Or la réforme remet en cause ces mécanismes de solidarité qui représentent aujourd’hui plus de 20 % des pensions versées (en cas de chômage, maladie, éducation des enfants…). Le système à points, pour sa part, se contente quasiment de redonner en retraite proportionnellement aux cotisations versées pendant la vie active, et renvoie ainsi à l’individuel au détriment du collectif.

"-" Solidarité encore : les retraités, qui sont parfois amenés à aider leurs enfants, mesurent combien le projet de réforme conduirait à une baisse considérable du montant des pensions des générations à venir. La prise en compte de la totalité de la carrière en lieu et place des meilleures années, ne pourrait que tirer les pensions vers le bas. De même que les nouvelles modalités de décote qui ne sont pas encore tranchées : une amputation de 5% par an, soit en dessous de l’âge pivot de 64 ans, soit en dessous de 43 ans de cotisations…

Bien sûr, la valeur du point serait déterminante. Et peu gratifiante .

A titre d’ordre de grandeur, un professeur certifié qui cotiserait 40 ans, toucherait sans la réforme, une retraite brute de 2281,49 euros ( 57,78 % de son dernier salaire). Avec la réforme il n’aurait que 1652,60 euros (soit 41,86 % de son dernier salaire). Pour peu que la valeur du point ne change pas !

Mais adaptée à la conjoncture économique et démographique, voire à l’espérance de vie, cette valeur serait une variable d’ajustement fluctuant chaque année selon le bon vouloir gouvernemental. On passerait ainsi d’un système basé sur une « prestation définie », à un système à « cotisation définie ».

La volonté de plafonner les dépenses de retraites à moins de 14 % du PIB, couplée à l’augmentation du nombre des retraités (plus de 150 000 par an ), ferait inévitablement baisser la valeur du point.

Dès lors, les actifs seraient poussés à chercher d’autres solutions, qui ne manqueraient pas d’amputer leur pouvoir d’achat :ce nouveau système ouvrirait encore plus grand la porte à des organismes privés de retraites complémentaires par capitalisation, banques et assureurs .

"-" Quant aux retraités actuels, ils sont déjà, de fait, victimes de cette réforme systémique. Le gouvernement a annoncé clairement que le système de retraite ( en léger déficit actuellement) devrait être à l’équilibre au 1 janvier 2025, jour de l’application de sa retraite à points. D’où des pensions quasiment gelées (+0,3 % en 2019 : moins que l’inflation ; + 0,3 % en 2020 pour les retraites supérieures à 2000 euros, celles en dessous étant à nouveau indexées sur les prix- mais pas sur l’évolution des salaires).

Et pour la suite, l’objectif étant de bloquer le pourcentage des dépenses de pensions par rapport aux richesses créées, alors qu’il y aurait davantage de personnes en retraite, c’est une plus petite part du gâteau qui attend chacun ; comment croire que les actuels retraités seraient épargnés, alors que le taux de remplacement des futurs retraités subirait une baisse considérable ?

La revalorisation des pensions serait inévitablement extrêmement limitée, de même que les pensions de réversion.

Ne comptons pas sur la « clause du grand père », (qui consisterait à n’appliquer la réforme qu’aux seuls entrants sur le marché du travail), évoquée oralement par le gouvernement pour tenter de désamorcer les mobilisations, mais qui dans tous les cas ne réglerait pas le problème pour les générations à venir.

Alors soyons nombreux le 5 décembre à manifester pour refuser la régression sociale et l’aggravation des inégalités, pour imposer une augmentation des pensions et le progrès social .

MANIFESTATION LE 5 DECEMBRE A 14 H A BRIVE Place de la GUIERLE

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