Témoignage d’un militant après le communiqué de presse du préfet de la Corrèze à propos du 28 mars 2023

La semaine dernière, nos élèves (et pas uniquement) ont subi une violente agression, sans sommation, en étant aspergés de gaz lacrymogène directement au visage, à bout portant. Cette semaine, nombre de personnes s’étaient munies de masques, de lunettes, de sérum physiologique (c’est d’ailleurs une de mes élèves présente qui m’en a fourni) par peur de nouvelles violences policières. Contrairement à ce que dit ce communiqué, personne n’a pu voir « une centaine d’individus s’en prenant aux forces de l’ordre », tout simplement parce que c’est faux. Pour ma part, j’étais une quinzaine de mètres en retrait et une quinzaine de mètres supplémentaire séparait les premiers manifestants du cordon de policiers armés et en tenue de quasi-guerre, la seule chose que j’ai pu voir c’est des pétards lancés dans l’espace vide entre manifestants et policiers. Par contre ce que j’ai pu voir très distinctement, ce sont les grenades lacrymogènes. La rue étant en pente, on a très bien vue ces grenades tirées en cloche qui ont libérées, au dessus de la foule, chacune 3 pastilles qui sont retombées en plein milieu des manifestants, dont une 1 m environ devant moi qui nous a quasi-instantanément asphyxiée. Ce ne sont pas les individus (une dizaine en comptant large) qui lançaient les pétards qui ont été visés, ce sont les manifestants en retrait. S’il y a eu des jets de pierres, de bouteilles et de cocktail molotov, ils ont été consécutifs à l’agression de la foule. J’ai suivi le mouvement de foule qui a descendu la rue Souham, à partir de ce moment là, je n’ai plus rien vu, trop occupé à fuir l’agression à l’arme chimique que nous avons subie. Par ailleurs, ce mouvement de foule aurait pu être dramatique, il y avait des personnes de tout âge dans cette manifestation, y compris des enfants et des personnes âgées, une seule chute aurait pu impliquer le piétinement et peut-être la mort de manifestants. Ces policiers et leurs donneurs d’ordre, sont des irresponsables, loin de maintenir l’ordre, ils ont mis en danger des manifestants qui exerçaient juste leur droit fondamental de manifester. Les deux dernières manifestations tullistes ont vu des faits de violences contre des manifestations pacifistes, l’intersyndicale a donc décidé, pour la semaine prochaine, de déposer un parcours ne se terminant plus, comme il a toujours été de tradition, devant la préfecture. Et malheureusement, je n’emmènerait plus mes enfants dans les prochaines manifestations, depuis que la police se met à intervenir de manière indifférenciée, disproportionnée et extrêmement violente, ils ne sont malheureusement plus en sécurité. Je ne sais pas quels sont les ordres qui ont été donnés à la police depuis le 49-3, je ne comprends pas comment des policiers peuvent commettre ces exactions sans réagir, mais je suis inquiet et je pense que toutes les personnes attachées à la République devraient devraient être inquiètes des dérives autoritaires du pouvoir en place. Cette séquence va encore mettre à mal la confiance de nos concitoyens et surtout de nos jeunes qui pour certains manifestaient pour la première fois, en nos représentants politiques, en les représentants de l’Etat, en l’occurrence le préfet et en la police qui ne protège pas mais qui violente.

 

Clément Vernédal,

militant FSU