LA FINANCE AU POUVOIR : « CIRCULEZ Y’A RIEN A VOIR » !

Plus que jamais nous vivons au travers du triste épisode des retraites, une lutte acharnée entre « la classe bourgeoise », puissante, arrogante, déterminée à conserver voire accentuer ses privilèges et « la classe laborieuse », cette masse de travailleurs du pays, invisibilisés (souvent), surexploités (la plupart du temps) qui ne peut compter que sur ses seules ressources (les diverses formes de lutte et la solidarité) pour freiner la rapacité des possédants.

« La normalité »dans un monde capitaliste mais une normalité exacerbée par l’exagération du risque invraisemblable et trompeur de l’implosion de notre système des retraites.

Depuis trois décennies nous subissons les mêmes chantages : celui du sacrifice des conquêtes sociales, trop coûteuses pour maintenir un haut niveau de compétitivité économique ; celui de la réduction du champ des services publics (quand ce n’est pas leur suppression !), jugés dépassés, obsolètes, inopérants au regard du coût (devenu insupportable) pour les finances publiques, dont le déficit serait la conséquence.

Tous « les mauvais coups » assénés impitoyablement par nos gouvernants actuels – dignes successeurs de leurs prédécesseurs- prennent leurs sources dans les problématiques de la compétitivité économique et de la dette publique.

Dans ce cadre là, nous en arrivons fatalement aux choix politiques opérés dans la gestion de l’argent public : sur quelles recettes et quelles dépenses s’appuyer pour faire fonctionner l’état, assurer (à minima) notre système social et maintenir notre positionnement économique à l’échelle de la planète ?

Quelques chiffres pour illustrer la richesse de notre pays (Rapport OXAM) :

Le PIB (Produit Intérieur Brut mesure la richesse d’un pays) de la France calculé en 2022 s’élève à 2500,9 milliards d’euros et nous positionne à la 7ème place mondiale.

En 2022 la France compte 43 milliardaires. Le montant cumulé de leur fortune s’élève à 544,5 milliards d’euros.

Les 10 premières fortunes françaises ont engrangé 189 milliards d’euros depuis 2020 soit 58% d’augmentation.

Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde à la tête de LVMH,a vu sa fortune doubler depuis le début de la pandémie du Covid-19, passant de 85,7 milliards d’euros en 2020 à 184 milliards d’euros fin 2022.

122575 familles françaises possèdent un patrimoine supérieur à 4,7 millions de d’euros et parmi elles, 6000 possèdent un patrimoine supérieur à 47 millions de d’euros.

Les bénéfices des entreprises du CAC 40 pour 2022 s’élèvent à 140 milliards d’euros.

Ces quelques données suffisent pour illustrer, que l’argent ne manque pas dans notre pays et que même par temps de crise, il  continue de couler à flot !

Le niveau des richesses est tel, qu’utilisé à bon escient et dans l’intérêt général, ces milliards d’euros, fruits de notre travail (ne l’oublions jamais), suffiraient largement à régler tous nos problèmes sociaux et même de faire preuve de plus grande  générosité pour les peuples en difficulté.

Ainsi, OXFAM estime par exemple qu’une taxation d’à peine 2% de la richesse des milliardaires français suffirait à résorber le « soit disant » déficit des retraites estimé à 12 milliards d’euros à partir de 2027.

Monsieur Macron, droit dans ses bottes, digne représentant de « la classe bourgeoise », n’a aucun état d’âme pour ses administrés, sur qui pèse le plus lourdement l’impôt, tandis que  ses amis les riches sont exemptés de l’Impôt Sur la Fortune (ISF : environ 6 milliards par an) et ses amis patrons sont exemptés de cotisations sociales à hauteur de 75 milliards en 2022. (Données du PLFSS)

Monsieur Macron n’envisage pas non plus de réviser l’impôt sur le revenu et de ramener plus de justice dans le secteur, pour abonder les recettes de l’état. Mr Arnauld peut dormir tranquille : son imposition à 18% sur ses 280 millions d’euros de revenus personnels de 2019, (taux qui est appliqué aux couples gagnant 150 000 euros, soit près de deux mille fois moins que lui) ne devrait pas être remis en question !

En  « Macronie » il y a des règles sur lesquelles on ne transige pas :

– on ne demande rien ou si peu à ceux qui se gavent,

– on ne taquine pas trop sur la destination des capitaux (fraude fiscale évaluée à 80 milliards d’euros par an)

– le maintien de l’environnement fiscal et réglementaire taillé sur mesure au fil du temps pour le patronat va de soi : Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE), zones franches, exonération de la taxe foncière, facilités comptables, niches et allégements en tous genres auront coûtés 158 milliards d’euros à l’état (le 1/3 de ses dépenses en 2022) sans contrepartie d’après des économistes de l’institut des sciences du travail de Lille (c’était 10 milliards en 1980).

On l’aura compris, sans une remise en question totale et durable de l’utilisation de l’argent public, de l’imposition (individuelle et entrepreneuriale) et d’une autre répartition des richesses (entre le capital et le travail ou dit autrement entre les dividendes et le salaire), il ne faut s’attendre à aucune évolution dans le sens de l’intérêt général.

Ce n’est pas le chemin pris par nos dirigeants qui s’accommodent par idéologie d’une situation sociale dégradée, entretenue, calculée et régulée pour ne pas sombrer dans le chaos.

Continuer de miser sur la pérennité d’un système injuste pour la très grande majorité de la population, en utilisant les vieilles recettes (mettre en avant des bouc-émissaires, culpabiliser à outrance…), est un pari risqué dans un pays où la misère ne cesse de croître et où chaque tranche de la vie est confrontée à des problèmes qui paraissent de plus en plus insolubles et insupportables à vivre.

La pente qu’a prise le capitalisme ces dernières décennies, fait peser les pires menaces pour tout ce qui fait société, pour la planète et la paix dans le monde.

En déclarant en mai 1949 que : « Le capitalisme, voilà la source du mal » Albert EINSTEIN avait tout compris !

 

JP DURTH